Every other week, Joël Thibeault writes a column for French learners, as a way of encouraging them to practice their French.
J’ai fait une très grande partie de ma scolarité à Laval, une ville au nord de Montréal. Je n’ai donc pas eu l’occasion lors de ma jeunesse d’être exposé à la diversité culturelle qu’on retrouve dans la métropole québécoise. Lorsque j’ai terminé mon secondaire, j’ai décidé de poursuivre mes études dans un CÉGEP anglophone. Je me suis toutefois rendu compte que rares étaient ceux qui se considéraient anglophones. Ce fut un très grand choc pour l’homme blanc de peau et d’esprit que j’étais.
J’ai rapidement appris le mot «allophone». Au Québec, il s’agit d’une personne dont la langue maternelle n’est ni le français ni l’anglais. Dès mon premier jour, j’ai rencontré des personnes qui venaient de pays dont je n’avais jamais entendu le nom: «I’m from Sri Lanka»; «I was born in Moldavia, but I grew up in Romania»; «I was raised in Malawi». Très souvent, lorsque je leur demandais quelles étaient leurs origines et qu’ils me donnaient la réponse, ils me posaient ensuite la même question: «You must be from Russia»; «Aren’t you German?»; «You look like you’re from Eastern Europe». J’ai toujours été fier de mes origines franco-canadiennes. Cependant, en entendant ces commentaires, je me sentais normal. Horriblement normal.
À chaque fois que je faisais part de cette horrible normalité à mes nouveaux amis qui venaient de partout dans le monde, ils me répondaient, pour la plupart, qu’ils ne comprenaient pas pourquoi je voyais mes origines d’une telle manière. Le Canada semblait leur avoir apporté une stabilité et une qualité de vie rares qu’on ne retrouve malheureusement pas dans plusieurs autres pays du monde. Ils me faisaient même souvent remarquer la haute qualité du cinéma québécois contemporain ou encore la richesse évidente de la littérature canadienne. Malgré tout, en leur compagnie, je me sentais banal. Horriblement banal.
Il fallut plusieurs années afin que je me rende compte de ce que je sais aujourd’hui. À 21 ans, j’ai eu le plaisir de voyager et de visiter quelques-uns des plus beaux pays du monde. Quand on me demandait d’où je venais, je répondais fièrement que j’étais canadien. En voyageant, jamais je n’ai eu cette impression de banalité qui me hantait autrefois.
Lors de mon séjour à Bologne en Italie, un garçon du nom de Francesco qui suivait un cours d’introduction à la culture canadienne m’a posé une question très pertinente: pourquoi es-tu fier d’être canadien? J’ai d’abord pensé au fait que je parlais les deux langues officielles. Puis j’ai visité plusieurs des plus importantes villes canadiennes. Au final, par contre, c’est la diversité culturelle qui m’a rendu le plus fier de mon pays.
De nos jours, être canadien, c’est partager la culture et l’héritage de tous ceux et celles qui se considèrent canadiens. Autrement dit, c’est représenter un mélange de couleurs, de genres, de religions, de points de vue et, somme toute, de différences. La diversité et la différence des autres m’ont fait grandir. Maintenant, je sais que je ne suis ni normal ni banal.
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